Terres Communes

Nous vous attendons les 29 et 30 septembre ! Avec vos fourches à la main, avec vos pieds qui martèlent rageusement le sol, avec vos voix qui alertent et crient : les terres à la zad ! Les terres à ceux qui les défendent ! Les terres pour les luttes ! Ce sera au début de l’automne, quand les haies rougissent, que les hirondelles quittent leurs nids, et que ceux qui restent se préparent à affronter l’hiver. Ces deux jours-là, la zad ouvre de nouveau grand ses portes et vous invite à la rejoindre pour une bataille majeure, celle du foncier. Cela se fera à coups de chantiers, de discussions, de concerts, de randonnées, mais aussi d’actions de solidarité avec de nouvelles installations menacées, avec une transhumance de moutons à l’est ou une marche en direction de la ferme de Saint-Jean-du-Tertre.

L’État nous en veut d’être toujours dans ses pattes, d’être encore là à revendiquer les terres que nous avons défendues, tantôt sur le terrain, tantôt sur le papier, usant de toutes les cordes disponibles à notre arc. D’être toujours là à animer les manifestations nantaises et à ravitailler les grèves.

L’État nous en veut de continuer collectivement l’aventure. Des coopératives de producteurs se forment, pâturages et cultures se définissent toujours en commun, beaucoup de nos outils, machines et espaces de travail, sont mutualisés.

L’Etat nous en veut aussi car nous refusons de tout penser selon la rentabilité économique et que nous souhaitons distiller nos propres coutumes et usages plutôt que de s’en tenir à ses règles. Que nous soyons naturalistes, paysans, forestiers, habitants, randonneurs, nous prenons tous soin du bocage et nous nous retrouvons pour travailler d’arrache-pied à bâtir un territoire à la hauteur de la lutte qui l’a sauvé.

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La bataille est décisive car sur les 800 hectares de terres agricoles préservées sur la zad, en plus de celles des paysans historiques résistants, seuls 170 nous ont été pour l’instant concédés en juin dernier via des conventions d’occupations, qui plus est précaires. Représentez-vous la dérision numérique : une quinzaine de projets agricoles, une soixantaine de personnes engagées dans ces projets, et 170 hectares1. Et rien qui ne nous garantisse que ces 170ha nous soient réattribués. De même, une bonne partie des 630ha restants, que nous avons protégés corps et âmes pendant des années, sont encore liés par des conventions à des agriculteurs cumulards. Ces derniers ont vendu les terres ou cédé leurs droits, ont été compensés financièrement et en surface et mais voudraient, opportunistes, les remettre dans leurs besaces. Ces parcelles sur lesquelles ils continuent à toucher des aides PAC devraient logiquement revenir à celles et ceux qui les ont défendues, et être dédiées à de nouvelles installations paysannes. C’est d’autant plus le cas des terres de Saint-Jean-du-Tertre ou de la Noë Verte que de jeunes paysans du mouvement cultivent depuis plusieurs années déjà. Mais même là, des exploitants voisins possédant déjà des centaines d’hectares prétendent se les octroyer, quitte à laisser nos camarades sans possibilité de poursuivre leurs projets. Sur l’ensemble de ces terres, rien ne nous garantit que l’État ne tranche pas finalement cet automne en faveur d’agrandissements

Nous en saurons plus le 12 octobre, date à laquelle l’État convie à un second comité de pilotage sur l’avenir de la zad différents acteurs locaux, avec en bonne place les représentants d’un monde agricole qui veut notre disparition. Mais nous ne laisserons pas solder les terres que nous chérissons par cet antre d’une agriculture périmée : productiviste, climaticide, vouée à la fuite en avant technologique et destructrice des milieux naturels.

Certes, on peut toujours espérer que ce petit monde pensera intéressant (au sens de « dans son intérêt ») de nous laisser quelques clopinettes de terres sur lesquelles faire pousser trois patates. Il espère que cela nous suffira, il espère que cela lui apportera la paix. Un bon deal, en quelque sorte. Trois patates contre une bonne image de gouvernement soucieux de l’agriculture paysanne et de l’écologie. Mais personne n’est dupe. Et nous les premiers. Nous ne nous cantonnerons pas à trois patates. Et même à trois patates et deux moutons. On ne laissera pas non plus à la gestion forestière classique les 200ha boisés et la belle forêt de Rohanne, dans laquelle nous avons vécu perchés, respiré du gaz lacrymogène et que les bûcherons, élagueurs, charpentiers et poètes d’Abracadabois entretiennent avec soin pour des usages locaux et partagés. Pour l’instant, rien ne nous garantit par ailleurs que les habitats auto-construits rescapés des expulsions du printemps ne soient pas de nouveaux menacés demain, ni même que les expériences de vie commune et d’activités puissent se poursuivre dans les maisons plus anciennes.

Alors, nous avons besoin d’être nombreux les 29 et 30 septembre (voir le programme ici) pour peser dans le rapport de force et accompagner jusqu’au bout ce pour quoi nous nous battons depuis le début : que les terres aillent à de nouvelles installations agricoles et restent un terrain d’expérimentation collective. Que les projets soient collectifs ou individuels, agricoles ou artisanaux, culturels ou forestiers, ils restent étroitement liés par la lutte qui les a portés et entendent bien être appréciés pour ce qu’ils sont déjà : des projets ancrés, combatifs, audacieux. Car être autonomes, s’entraider, alimenter des luttes et des fêtes, constitue le terreau du monde que nous voulons construire, le seul qui nous paraisse désirable et joyeux.

1La surface moyenne des exploitations agricoles dans le département est entre 50 et 100ha.


Une vidéo d’invitation à la balade théâtrale dans la forêt le 29 septembre à 19h30

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