Brèves et histoires courtes

Figuration zadiste

Il n’y a pas de sot métier. C’est ce que nous apprend cette annonce glanée sur le net :

« Pour la série Alice Nevers, je recherche des hommes et des femmes de tous âges pour faire des Zadistes dans un camp. Il nous faudra des gens mobiles et dynamiques (capables de lancer des cacatovs, déplacer une catapulte, brandir des pancartes, n’ayant pas peur des fumigènes, etc…). Le tournage est prévu entre le 1er et le 5 octobre à Chantilly, plusieurs jours de tournage, tarif syndical télé. Merci de me préciser si vous avez un véhicule. Envoyez photos et coordonnées sur castlebal@hotmail.fr avec en tête de message « ZADISTE ». Artistiquement »

Il en faut de la mobilité et du dynamisme, et à tout âge, pour brandir des pancartes ! Lourdingue, la pancarte…on l’imagine déjà, peinte avec un peu trop de soin par une équipe de décorateurs cocaïnés qui piaffent d’aller aux courses après le tournage. On n’a pas tous les jours la chance de bosser à Chantilly. Puis la journée est longue et dure : la catapulte à aller louer au château d’à côté, les fumigènes qui font peur à installer, et surtout le cacatov en polymère à finir de mouler. Et « faire le zadiste dans un camp, au tarif syndical télé », ça n’attire pas foule d’acteurs. En plus, on ne leur a pas encore parlé de la gale synthétique, des locks en laine et des chiens à punks à trimballer au bout d’une laisse en ficelle imitation botteleuse. Mais qu’ils se rassurent, l’épisode sera de bon goût, quand on peut écrire à quelques mots d’intervalle « artistiquement » et « cacatov », la qualité est toujours au rendez-vous.

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Naissance annoncée d’une zad en Aveyron

Patience et prévoyance. Le combat contre le transformateur de Saint-Victor n’a pas voulu sauter les étapes. Depuis des années, alors que le projet piétinait, c’est toute une propédeutique de la lutte qui fut mise en œuvre – manifestations, information, actions coup de poing, fêtes, etc. – préparant le moment où inéluctablement le conflit s’intensifierait sur le terrain. Un temps qui est aujourd’hui advenu. Le juge des expropriations tentera de se rendre dans le village le mercredi 26 septembre. Pour se préparer à l’accueillir, la quatrième fête du vent se tiendra le week-end précédent. À l’issue de la fête débutera l’occupation permanente du site.

Pour plus d’infos

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Premier recycleur (de veste) de France

Après la si émouvante démission surprise de Nicolas Hulot, qui s’est rendu compte au bout de 15 mois que sa fonction principale était de servir de caution écolo (un peu comme si on utilisait des images de sites naturels pour vendre du gel douche de synthèse, vous voyez), la tâche était rude pour le gouvernement de trouver un remplaçant. Le roué Cohn-bendit s’étant défilé, Édouard Philippe a un temps pensé à nommer directement au poste de ministre d’État un pot de Dulux-Valentine « Vert Véranda » du plus bel effet. Puis il s’est rappelé qu’il avait sous la main un petit renégat ligérien prêt à tout pour accéder à un poste de pouvoir (ou qui en a du moins l’apparence). Une sorte de Jean-Vincent Placé, mais sobre. Il se murmure que c’est son opposition plus farouche à la zad qu’à l’aéroport qui aurait fini de convaincre le Premier ministre que François de Rugy était l’homme de la situation.

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Sortir de sa bulle

Ancien chercheur reconverti dans la bande-dessinée, Alessandro Pignocchi est venu sur la zad pour la première fois en mars dernier. Il comptait rester quelques jours, observer de loin, par curiosité. Et comme tant de gens, il a été happé par la zad. Après plusieurs mois sur place, il en a fait l’objet de sa prochaine BD : un récit à la première personne avec en arrière-fond un questionnement sur notre concept moderne de « Nature ». Voici les six première pages de cette BD à venir : https://puntish.blogspot.com/

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Après la dissolution de l’ACIPA, « poursuivre ensemble »

Une ex-administratrice vous faisait le récit, dans Zadibao n°1, de l’ultime assemblée de l’ACIPA. Poussés par les nombreux adhérents choqués par la dissolution abrupte de l’association, les membres du CA désireux de continuer à s’engager dans l’avenir dans la zad lancent une nouvelle structure ouverte. Ils viennent d’annoncer la constitution de l’association « NDDL Poursuivre Ensemble » et invitent à une réunion générale dimanche 16 septembre 2018 à la salle Cassiopée de Notre-Dame-des-Landes à 15 heures. Ce sera l’occasion de débattre des suites du mouvement, du soutien à d’autres luttes contre les GPII et d’adhérer.

Si vous ne pouvez pas être présents mais désirez intégrer l’association, vous trouverez ici le bulletin d’adhesion à envoyer avec votre règlement à l’ordre de « NDDL Poursuivre Ensemble » à l’adresse suivante :

NDDL Poursuivre Ensemble, Chez Mme Dominique Le Lay, La Basse Bretesche

44130 NOTRE-DAME-DES-LANDES

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Briser ELAN

Au printemps dernier, le gouvernement mettait en œuvre des expulsions d’habitant.e.s de la zad sans respecter aucune des procédures légales qui encadrent le droit au logement : notamment le fait de « bénéficier » d’un procès nominatif, de la possibilité d’y être défendu par le biais d’un avocat et d’obtenir éventuellement des délais avant une expulsion, y compris quand on est habitant sans droits ni titres. Ce passage en force était d’autant plus flagrant que les habitants de la zad vivaient pour la plupart depuis bon nombre d’années dans des maisons sur place et s’étaient identifiés nominativement à diverses reprises auprès du propriétaire des parcelles. Un ensemble d’avocats et de magistrats avait interpellé à l’époque le Premier ministre sur cette violation de certains des principes censés être des piliers du droit français. Quelques mois plus tard, ce même gouvernement entend entériner cette possibilité d’expulser sans jugement et de criminaliser les occupations de bâtiments vides avec la loi ELAN. Son article 58 met au même niveau l’occupation de logements réellement vides et la violation de domicile et donc l’introduction dans un logement où des personnes habitent.

Ce n’est pas la première fois que des députés tentent de faire passer une mesure pour mettre fin aux squats de toutes sortes. Pourtant, des réquisitions de l’abbé Pierre aux occupations actuelles de bâtiments pour des demandeurs d’asile en passant par de nombreux espaces autogérés et des multitudes de squats de précaires, il était encore jusqu’à maintenant largement soutenu dans ce pays qu’un espace abandonné puisse éventuellement être investi un temps donné plutôt que de rester sans usage. Les divers projets de loi anti-squat des 20 dernières années étaient restés lettre morte. Mais la loi ELAN pourrait marquer un tournant qu’ont déjà connu d’autres pays européens où ce qui est vide doit forcément le rester et où la force publique s’en assure immédiatement. La loi ELAN n’ambitionne pas seulement la prohibition des squats mais contient un grand nombre d’autres mesures en vue de renforcer les armes et privilèges des propriétaires et des lobbys de la construction face à ceux qui habitent leurs biens. Elle a été validée en première lecture en douce à l’assemblée et au sénat au cours de l’été, et le gouvernement entend se passer d’une seconde lecture et la faire adopter définitivement par le biais d’une commission mixte paritaire le 18 septembre. La résistance s’organise dans plusieurs villes. Elle est urgente ! Nos camarades angevins viennent de réquisitionner une ancienne CPAM en réaction. Il faut se préparer dès maintenant à continuer à occuper partout ailleurs, que la commission mixte paritaire aboutisse ou que l’on se dirige vers un nouvel aller-retour parlement-sénat dans les mois à venir.

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Hambach à mine

(Trois jour après la publications de cet article, le mercredi 19 septembre, un jeune journaliste allemand, qui suivait les expulsions depuis une semaine, mais qui avait vécu avec les activistes pendant plusieurs mois, est tombé d’une passerelle de 14 mètres de hauteur. Il est mort de ses blessures.
Le mouvement de défense de la forêt a exigé l’arrêt définitif des évacuations, qui sont maintenant en pause. Voir  l’article dans Reporterre)

Hambach, près de Cologne en Allemagne, est l’une des rares forêts primaires qui existent encore en Europe. Elle y pousse depuis plus de 12.000 ans, mais il en reste aujourd’hui à peine 10 %, car elle se trouve faire obstacle au plus grand producteur de CO2 d’Europe : les mines à ciel ouvert de Rhénanie. Les cratères formés par la mine sont tellement gigantesques qu’on peut les voir de l’espace, et l’entreprise RWE utilise quelques-uns des plus gros outils au monde pour extraire le charbon le plus toxique qui soit : la lignite. Des dizaines de villages ont également été engloutis par cette mine toujours plus grande, et les habitants sont expulsés de leurs maisons. 35.000 personnes ont déjà été déplacées de la région, et 7000 autres attendent le même sort. Même les cimetières ont été détruits, forçant les familles à mettre les corps de leurs ancêtres à l’abri.

Depuis 2012, les arbres de la forêt de Hambach sont occupés pour empêcher la déforestation et depuis 2015, des journées de désobéissance civile se sont tenues tous les ans, impliquant des milliers de personnes bloquant les machines.

Pourtant, cette semaine, le réseau de 60 cabanes dans les arbres, certaines perchées à plus de 25 mètres de hauteur, a été attaqué par 4000 policiers et leurs blindés. Une fois de plus, une réponse complètement disproportionnée puisqu’il n’y avait pas plus de 150 personnes sur place. À l’heure où nous écrivons, les expulsions se poursuivent. Des appels à organiser des mobilisations de masse visent à arrêter l’abattage jusqu’à la fin de l’année, où une annonce gouvernementale est attendue pour fixer la date de fin de l’industrie du charbon (ce qui aurait dû bien entendu se passer il y a des dizaines d’années).

Si vous ne pouvez pas vous précipiter dès maintenant à Hambach, une action de blocage massive de la mine se tiendra du 25 au 29 octobre, et aura besoin de toutes et tous.

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