Brèves et histoires courtes

Exilés et expulsés

#Nantes: suite à la destruction du camp #Daviais par les hommes
Les dernières tentes sont évacués par les hommes blancs. Photo : Val.K

C’est une année riche en expulsions pour la Préfecture de Loire-Atlantique. Hier, ce sont les quelques 400 migrants qui campaient square Daviais à Nantes qui ont été évacués par la police. Les reloger tous ? Impossible, d’après Nicole Klein qui déclare sur le ton plaintif de celle qui souffre du dénuement de ses services : « je fais avec ce que j’ai ». En trieuse expérimentée, la Préfecture a remis un document aux exilés les invitant à se rendre à un bureau de triage, car « on » ne pourra reloger que les « personnes les plus sensibles ». Le tri sera fait à Chantenay…salle de l’Égalité.

Dis Monsieur, c’est quoi une ZAD ?

Quand des enfants de CM2 s’intéressent aux luttes territoriales et aux moyens de « créer une zad », une petite émission radiophonique sur France Info :

 

Tank pour pièces

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(extrait de l’interview du général Lizurey parue dans Ouest-France)

« Notre-Dame-des-Landes a permis de montrer l’utilité des VBRG (véhicules blindés à roues de la gendarmerie) ; ils nous ont été bien pratiques pour dégager les départementales bloquées par les Zadistes et pour démonter plus de 210 barricades au total. Démonter une barricade en feu à la main, c’est difficile. L’un des VBRG a été sérieusement endommagé car il s’est retrouvé bloqué dans une barricade enflammée. L’équipage a eu très très très chaud, littéralement. Celui-là, je ne suis pas sûr qu’on le récupère. Des pièces détachées peut-être. »

ZADenVIES : du foot avec Guy Troisbords

3cotesLa semaine de ZADenVIES  a vu des dizaines de chantiers, de conférences gesticulées, de projections de films, des débats-balades et même un match de football situationniste . Ce « foot à trois bandes » consiste à nouer des alliances entre deux équipes afin de mettre des buts à la troisième. Les alliances, bien sûr, peuvent changer… Mais à la zad il n’existe plus aucun terrain de football, c’est donc dans un champ fraîchement fauché que le jeu a pris place. Les andains de foin ont fait office de lignes de touches, et la farine de la zad de chaux vive pour les lignes intérieures. Voici l’étrange terrain hexagonal en place. Le coup d’envoi est donné, et tout se passe pour le mieux, bien que nous ne comprenions pas tout des règles, lorsqu’un tracteur s’immisce dans le jeu. Traînant son andaineuse, il transforme notre hexagone en rectangle, puis en carré, puis… Qu’importe, nous ne sommes pas aussi rigides que les situationnistes et nous nous adaptons. Un hélicoptère de la gendarmerie fait voleter le foin à chacun de ses passages, rendant encore plus floues nos limites végétales footballistiques. Cela non plus ne nous empêche pas de tenter des offensives. Après tout, que notre terrain de jeu aient des frontières mouvantes, nous commençons à en avoir l’habitude.

Pour lire le texte sur la partie de foot en son entier, allez ici.

« Un pays sans justice est un pays qui appelle à l’émeute »

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21 juillet – Beaumont-sur-Oise. Cela fait à peine une semaine que la France est championne du monde et de nouveau fière de sa « diversité ». Kyllian Mbappé est la nouvelle future megastar du foot international. Sous un grand soleil, 3000 personnes crient dans les rues de cette bourgade de lointaine banlieue parisienne. Mais ce n’est pas une victoire sportive que l’on fête aujourd’hui, ce ne sont pas les destins de gamins de cité devenus millionnaires grâce au ballon rond qui ont rassemblé autant de monde. Aujourd’hui c’est un destin tragique qui est mis à l’honneur. Il y a deux ans, Adama Traoré était tué par des gendarmes après que ceux-ci l’aient soumis à un plaquage ventral et lui soient montés dessus à trois.

Nous sommes quelques-uns à être venus de la zad de Notre-Dame-des-Landes montrer notre solidarité avec le Comité Adama et avec toutes les familles de victimes de violences policières. « JUSTICE POUR ADAMA », scande-t-on devant les portes closes de la gendarmerie où il a trouvé la mort. « JUSTICE POUR ADAMA », crie-t-on encore là où il s’est fait courseralors qu’il se baladait en vélo le jour de ses 24 ans, « JUSTICE POUR ADAMA», proclame-t-on enfin une fois arrivés au quartier de Boyenval, oùil habitait.

Aujourd’hui c’est ce prénom qui résonne, mais à travers lui c’est la justice et la vérité qui sontexigéespour toutes les familles et collectifs de soutien aux victimes de la police venus de toute la Franceet qui se battent depuis des années.

Depuis des années ou depuis quelques jours : sur le terrain de jeu du quartier où se tient le rassemblement, tout le monde a en tête Aboubakar Fofanna, mort d’une balle dans la gorge à peine trois semaines plus tôt, dans le quartier du Breil à Nantes. Il aura fallu cinq jours d’émeutes pour que le scénario habituel, les mensonges policiers, la victime dépeinte comme un voyou recherché oul’invocation de la légitime défense soient mis à mal et que le CRS avoue finalement avoir tiré « accidentellement ». Il va falloir toute la force et la ténacité dégagées par le Comité Adama pour continuer cette lutte, en train de devenir un véritable mouvement.

Expropriation de masse en Aveyron

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Cent-trente-quatre, c’est le nombre de propriétaires que la Préfecture de l’Aveyron s’apprête dès la mi-septembre à exproprier des terres de Saint-Victor pour y construire un gigantesque transformateur. Deux propriétaires historiques, et cent trente-deux indivisaires qui ont délibérément choisi d’acquérir ensemble les quelques ares où se pavane le hameau de l’Amassada. Jumelées à la zad depuis le premier jour, les terres sont aujourd’hui en péril. Après avoir été invités à couper le ruban le jour de l’inauguration, gageons que nous saurons encore une fois démontrer notre solidarité envers ces Aveyronnais en butte aux projets ravageurs. L’association HALEM, qui défend les habitants de logements éphémères et mobiles, posera sa caravane à l’Amassada du 6 au 13 août. Le programme est disponible sur le site : https://douze.noblogs.org

 

Expulser les invisibles

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Nous venons de recevoir un message d’Oliver Reissler, artiste et cinéaste, qui a réalisé un film à la zad l’été dernier pour sa série: « Everything’s coming together while everything’s falling apart ».  La semaine dernière, il a vu des centaines de fantômes roses reprendre les quartiers commerçants de la ville espagnole de Malaga. Ce sont les superheroínas invisibles, les « superhéroïnes invisibles ». Elles se dirigent vers la mairie où, devant la presse, elles déchirent l’avis d’expulsion qui leur a été remis par une municipalité qui ne peut pas supporter cette oasis de vie dans leur désert touristique : la Casa Invisible, un vieux bâtiment du 19ème siècle avec un d’immense patio ombragé, occupé depuis 2007. Le 19 juillet, la marie a annoncé qu’elle expulserait le lieu quinze jours plus tard.

La Casa Invisible est une machine sociale contre la gentrification et pour une culture de soin et de bienveillance en plein centre-ville avec ses cafés féministes et ses ateliers, ses groupes antiracistes et son accueil d’exilés, ses concerts, ses réunions de quartier et de la plate-forme contre les expulsions, ses réunions du mouvement Málaga no se vende et des Sindicato Inquilinas, ses discussions organisées par l’Universidad Libre Experimental, ses ateliers de danse et de théâtre. L’expulsion est l’arme principale du capitalisme, que ce soit des espèces déplacées par la catastrophe climatique ou des projets d’infrastructure, des exilés chassés par des guerres pour les énergies fossiles ou des squatters parce qu’ils ont l’audace de montrer des alternatives au cauchemar néolibéral. En face de la mairie, les fantômes roses prennent la parole : « Nous sommes ceux qu’ils ne veulent pas. Nous sommes un commun. Et nous allons démontrer que nous sommes INEXPULSABLES ! LA INVISIBLE SE QUEDA – les Invisibles sont là pour rester ! »

Big dick

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Il y a une guerre entre l’État et les adeptes du droit coutumier. Tous les coups y sont permis, même les plus bas. Serge Gutwirth, de passage au Taslu le 7 juillet, nous a fait étalage de ce combat. Pour défendre l’existence des droits coutumiers, qui ne sont donc sanctionnés par aucun texte de loi, Mr Gutwirth n’hésite pas à fouiller les recoins obscurs des traditions les plus inavouables. Celles des clubs sadomasochistes, par exemple. En effet, ces derniers ont réussi à faire remballer aux censeurs une loi visant à interdire leurs pratiques en prouvant, codes et règlements intérieurs à l’appui, que leur violon d’Ingres n’était autre qu’une coutume et ne dépendait donc pas des lois étatiques.

Mais le législateur, de son côté, n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de faire battre en brèche le droit coutumier. Un état des USA, cherchant désespérément à sanctionner la zoophilie de peur de devenir un parc d’attraction pour ses amateurs, a trouvé au fond d’un hameau perdu matière à légiférer : Big dick. C’était le nom d’un cheval qui avait malencontreusement tué un homme venu faire appel à ses immenses services sexuels. Ainsi, et bien malgré lui, Big dick a été à l’origine d’une loi anti-zoophiles. Les voies du droit sont impénétrables.

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